• une fille comme les autres, Jack Ketchum

    Une fille comme les autres par Ketchum

    Meg est une adolescente. Prisonnière. Torturée. Il y a ceux qui en profitent, ceux qui s'en foutent, et ceux qui voudraient l'aider. Et vous ?

    Mon avis :

    À vrai dire, cela fait un sacré bout de temps que j'ai lu ce livre, mais je n'ai jamais pu l'oublier. La lecture d'une chronique sur un livre évoquant une histoire similaire me l'ayant remis en mémoire, je ne pouvais pas faire autrement que de venir en parler ici.

    Avant d'ouvrir ce livre, je ne connaissais pas cet auteur, mais une critique élogieuse de Stephen King ( quand même, ce n'est pas n'importe qui) m'a convaincue de lui laisser sa chance. J'aurais dû me méfier. Car Stephen King ne se trompe pas, Jack Ketchum est vraiment un grand auteur, capable de nous plonger corps et âme dans son oeuvre pour le meilleur et surtout pour le pire. Car c'est dans une violence malsaine et extrêmement réaliste que nous nous retrouvons embarqués.

    Le début commence de façon on ne peut plus banale, qui ne nous laisse nullement envisager l'horreur dont l'on va être témoin. David, 12 ans, pêche tranquillement des écrevisses quand il rencontre pour la première fois Meg, qui vient d’emménager chez Ruth, la mère de ses meilleurs amis. Il en tombe aussitôt amoureux. À ce stade, on pourrait croire à une amourette estivale entre deux adolescents. Mais peu à peu, David se rend compte de l'étrange attitude de Ruth et de ses fils envers Meg, et du mal-être naissant de celle-ci. Ne sachant trop comment réagir, ne voulant pas trahir ses amis, il ne dit rien, ne fait rien et la montée de l'horreur commence.

    Toute l'intelligence de l'auteur, à mon sens, c'est d'avoir choisi le point de vue de David, car c'est le personnage auquel on peut le plus s'identifier. Choisir Meg aurait été trop insoutenable, Ruth trop malsaine et les autres garçons nettement moins intéressants psychologiquement.  On se retrouve donc dans la peau d'un personnage, assistant à toutes ces horreurs sans rien faire, ni pour arranger la situation, ni pour l'empirer, tout cela raconter à la première personne. Cela donne la sensation très malsaine d'être un voyeur. Plusieurs fois, j'ai failli poser le livre, l'estomac retourné par ce que je lisais. Mais je n'ai pas réussi à le lâcher et j'ai été jusqu'au bout, allant même jusqu'à lire la postface. Et là j'ai découvert un détail qui m'a glacé le sang. Toutes ces horreurs n'étaient pas le fruit de l'imagination perturbée d'un auteur, mais étaient vraiment arrivées. Et cette petite phrase qui me porta le coup de grâce indiquant que les détails les plus gores nous avaient été épargnés.

    Pour conclure, je ne suis pas sûre de vouloir vous conseiller ce roman. Si vous êtes une âme sensible, ou tout simplement que vous voulez continuer à croire que l'homme ( ou la femme, en l’occurrence) est bon par essence, ne touchez pas à ce livre. Mais si vous avez les tripes bien accrochées et que vous voulez découvrir le travail d'un auteur si bon qu'il réussit à vous faire lire jusqu'au bout son roman alors que vous n'avez qu'une seule envie, le jeter le plus loin possible de vous, allez-y. En tout cas, une chose est sûre, ce livre ne laissera personne indifférent.

    Moi personnellement, je ne regrette pas. Et j'ai fini par m'en remettre ( cela a pris tout de même plusieurs semaines pour que je me sorte cet étrange malaise de la tête et autant vous dire que je n'ai pas fermé l’œil du tout cette nuit là).

    quelques citations :

    "Ne comptez pas sur moi pour vous raconter.
    Je m’y refuse.
    Plutôt mourir que de décrire certaines choses. En avoir été le témoin peut vous amener à regretter de ne pas être mort avant.
    J’ai regardé et j’ai vu."

    "Les enfants étaient impuissants. Presque par définition. On attendait d'eux qu'ils endurent les humiliations ou se sauvent en courant. Protester n'était envisageable qu'en louvoyant : se réfugier dans sa chambre en claquant la porte, crier et hurler, broyer du noir pendant le dîner, jouer la comédie, casser volontairement quelques chose "par accident". Ou encore adopter une attitude renfrognée, sombrer dans le silence, merder à l'école. Et c'était à peu près tout. Toutes les armes que contenait votre arsenal. Mais tenir tête à un adulte et carrément l'envoyer paître n'en faisait pas partie. Dire simplement "non" à un adulte était inacceptable. Nous étions trop jeunes pour ça. (p. 161)"

    Nb: je l'ai classé en horreur, car c'est dans cette catégorie que Bragelonne l'a mis, mais il n'y a rien de fantastique là-dedans. Toute l'horreur tient justement du réalisme.


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